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  • Photo du rédacteurMarilyn

mer'd'ado

Et oui Hugo a eu 15 ans .... le petit garçon grandit... ses besoins, ses attentes aussi . Alors forcément le quotidien ça change un peu...

Pourtant au quotidien, l'autonomie d'Hugo n'est pas celle d'un ado de 15 ans. Quand je dis autonomie, je parle de la gestion du quotidien, des relations interpersonnelles... Mais Hugo a 15 ans désormais. Les calculs sont formels et il faut bien que je m'y fasse! et ses besoins sont ceux d'un ado de 15 ans!

Et si c'est un peu dur de se dire qu'on est la mère d'un "ado", j'ai pour une fois un temps d'avance, ou enfin j'ai l'impression d'avoir un temps d'avance. Les deux années précédentes, je les ai passées en tant que coordo ULIS dans un collège. Cela me permet de comprendre un peu mieux mon quotidien. (Chers élèves si vous saviez comme vous m'avez appris! )

L'adolescence c'est la marche entre l'enfance et l'âge adulte! Ok ça tout le monde le sait! C'est un temps au cours duquel on oscille entre ces deux étapes et donc au cours duquel les besoins varient et souvent très très vite. Et c'est là que cela devient plus pertinent à mon sens lorsque nos enfants ont des besoins particuliers. Et oui tout le référentiel que nous avions bâti pour la communication non verbale se trouve mis à mal voire détruit. Rassurez vous ! Le "tu peux pas comprendre" est générationnel, c'est pareil pour tout les parents mais lorsque les troubles de la communication sont complexes, il est difficile pour nous de comprendre ces revirements. Certains avec l'approche médicale vous diront :" c'est hormonal", d'autres fatalistes vous conseillerons d'attendre. Certes mais lorsqu'on est le partenaire de communication de l'ado, c'est difficile d'attendre. Alors comment faire?

Ben d'une manière générale je n'en sais rien mais ce qui est sur c'est que la communication a un rôle à jouer. La manière dont je parle avec Hugo est différente et elle s'est largement inspirée des retours que pouvaient me faire les ado verbaux de mon dispositif. Lorsqu'on n'a pas de retour verbaux immédiats (la conversation pingpong) il est difficile d'adapter notre attitude. Le temps de dire avec Minspeak permet à Hugo de modifier sa réponse, d'en trouver une qui ne me blessera pas ou qui me blessera moins. Dire des insultes n'est pas encore un geste automatisé!

Mais comme l'autre jour, à l'hôpital pouvoir dire " merd* put* j'en ai marre" a permis de libérer l'émotion autrement que par des troubles du comportement ( qui avaient d'ailleurs commencé et qui ont pu cesser lorsque ces mots ont été dits). C'est pas une leçon juste un constat ...Et l'adolescence c'est aussi une grosse période d'apprentissage. Les programmes scolaires sont lourds et les apprentissages sociaux extrêmement important. Pouvoir dire des gros mots de manière adaptée me semble donc indispensable. Et c'est là où nous adultes enseignant la CAA nous devons réfléchir ...

Apprendre à dire des gros mots c'est contraire à ce qui est attendu puisqu'on "gronde" les enfants qui en disent. On ne PEUT pas en étant un adulte respectable apprendre de gros mots aux enfants et prendre le risque qu'ils les disent partout après. Que va-t-on penser de nous après? Avec les aprioris existants, j'entends déjà les voix qui s'élèvent " tu ferais mieux de lui apprendre à dire qu'il a besoin d'aller aux toilettes", parodiant la phrase d'un médecin qui lors d'une restitution me balançait que je ferai mieux de lui apprendre à s'habiller plutôt que toute autre chose. (oui oui ça existe et ça a des responsabilités des gens comme ça!).

Ne pas proposer de gros mots c'est donc choisir le vocabulaire que nous mettons à disposition de nos enfants.

Mais les gros mots ne sont ils pas essentiels dans la conversation quotidienne ?Je suis persuadée de leur fonction pour les enfants mais surtout des ados, dans le groupe mais aussi pour se "rebeller " contre l'autorité qu'elle quelle soit, (pour les adorables ados!) et pour les enfants de faire des "bétises acceptables"? Ne pas mettre de gros mots, c'est s'économiser pour nous parents ... Nous n'aurons pas à gronder pour l'utilisation de ces derniers. (et c'est vrai que nous avons tellement à faire que un truc en moins c'est déja ça!) mais je pense qu'on passe à coté d'une des fonctions du langage. Qui n'a jamais lancé un juron en se pinçant un doigt dans le tiroir à couverts, ou en se cognant la tête à la porte du placard?

Donc ... je crois qu'on a besoin d'avoir des jurons dans les outils de communication. Je lis déjà vos réactions horrifiées (avant la fin de la publication de ce post!) de parents : Mais si il le dit à l'école! Mais il va répéter en permanence! Et c'est là qu'il faut apprendre à utiliser ces mots aussi... Comme avec tous les autres enfants! Car nos enfants sont bien des enfants comme les autres non?

La question à mon avis n'est pas faut il mettre ou pas des jurons mais comment apprendre? Selon les difficultés et les particularités de chacun, on va déjà utiliser des jurons adaptés à l'âge de l'utilisateur (le pipi caca pour un ado...C'est totalement dépassé on est d'accord!) on peut bien les cacher, diminuer le son du juron avec un enregistrement spécifique tant que l'apprenant ne maitrise pas les conditions dans lesquelles ces mots peuvent être dits, modéliser peu, mais aussi et proposer des moments jurons et les interdire le reste du temps, comme avec un enfant qui rentre de l'école maternelle avec des mots fleuris.... Car sans faire l'apologie du juron, les mettre à disposition permet une certaine rébellion dont nos enfants et ado ont besoin pour être comme tout le monde car ils même s'ils ont besoin d'outils de communication Augmentée ou Améliorée , ils sont plongés dans un bain de notre langage oral et ils y ont été confrontés. Laissons leur le choix, mais donnons leur!



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