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Photo du rédacteurMarilyn

Et si c'était plus compliqué?


Et si communiquer était plus compliqué que des mots à replacer dans un contexte particulier?

Voilà une question que je tourne dans tous les sens depuis plusieurs années. Certes, savoir utiliser les mots à bon escient est indispensable pour délivrer un message adapté. Mais c'est loin d'être suffisant! Qui ne se souvient pas des cours de langue vivante au cours desquels il fallait converser. Rares étaient les doigts levés dans ma classe, les profs devaient avoir l'impression de faire des monologues et non des cours de langue vivante. Pourtant, les résultats à l'écrit n'étaient pas si médiocres dans ces matières. Ce souvenir m'assaille depuis que je compare les différences de communication de Hugo avec moi et avec le reste du monde! Autant il peut être extrêmement bavard avec moi, autant il peut rester mutique avec d'autres personnes pourtant très proches! Alors je m'interroge et je lis... Pendant des années, je suis restée sans réponse à toutes ces questions. Au cours de l'année 2019, j'ai trouvé des ouvrages sur le mutisme sélectif. Des pistes ont commencé à pointer avec en particulier la nécessité de développer des cercles de discussion privilégiées pour Hugo. Et peu à peu Hugo a trouvé un vrai partenaire de communication en la personne de son orthoptiste. Je vois leurs discussions s'enrichir même si ma présence reste indispensable. Puis Hugo a commencé à suivre des cours en visio, en anglais, en latin, en maths et en sciences. Et là, au fil des séances, je vois Hugo modifier sa communication. Il se pose devant l’écran, pose son regard et peu à peu commence à prendre sa place dans la discussion. Il est à l'initiative de questions, il parvient à dire qu'il n'a pas compris et même à interagir avec Noémie par écran interposé avec un langage totalement adapté en utilisant son clavier papier. Mais alors qu'Hugo est capable de communiquer aisément par écran interposé, il lui est impossible de le faire lorsqu'il est face aux mêmes personnes. Je l'avais déjà remarqué dans le cercle familial mais cette difficulté s'est confirmée cet été. Impossible de parler avec Anna (sa prof d’anglais) en direct alors qu’en visio je n'arrive pas à épeler assez vite pour suivre son rythme. Forcément je me questionne! POURQUOI??? Pourquoi autant de différences dans les compétences de communication entre les séances de vidéo et le présentiel? Pourquoi l’échelle des progrès aussi fluctuante selon la modalité de l’interaction ? Pourquoi autant de différences dans sa communication avec les différentes personnes du même cercle de proximité affective?

Alors j'ose une réflexion toute personnelle Qu'est- ce qui change pour un enfant lorsqu'il communique en visio ou en présentiel ? avec une éducatrice ou une autre ? avec son père ou avec sa mère? Facile, me diriez vous : le contexte dans lequel il communique ! Ben moi il m'a fallu lire deux livres sur le mutisme sélectif pour poser cette question. Mais ce qui m’a le plus aidée, c’est de voir l’évolution de la communication d’un élève et de pouvoir en grandeur nature le voir s’ouvrir au cours d’une année scolaire. Cet ado, je l’ai vu inverser doucement sa spirale de communication, j’ai vu sa posture corporelle changer; ses épaules s’ouvrir et sa tête se relever mais j’ai surtout observé des changements dans la manière dont de différentes personnes ont communiqué avec lui. J’ai aussi vu cette infographie qui circule beaucoup sur les réseaux, celle de la plante qui dépérit et à laquelle il est proposé de changer l’environnement. Une nouvelle salve de questions arrive : Comment parler à une personne qui n’oralise pas? Quel ton ? Quel débit ? Quel vocabulaire utiliser ? Quels sujets aborder? Comment échanger sans réponse ? Qu’est ce que communiquer ? Ces questions sont essentielles à mon sens pour expliquer les différences de communication d’un même sujet avec deux personnes proches de l’utilisateur de l’outil.

Mais alors on fait comment ?? Il faut changer un truc c’est assez évident. Mais quoi ?

Regardons du coté du « schéma de développement classique » de l’enfant. Il ne nous viendrait pas à l'idée de changer de vecteur de communication en fonction de l'aisance avec laquelle il parle à tel ou tel. Si on ne peut pas changer le vecteur de communication, que peut on changer ? La personne avec laquelle il communique ! Oh il ne s’agit pas de trier les personnes à qui on peut ou pas parler, car l’idée maitresse de la CAA est bien de pouvoir tout dire à tout le monde n’importe quand et n’importe où. Changer le partenaire de communication c’est plutôt l’aider à comprendre et à automatiser des comportements facilitant la communication. En agissant ainsi, on montre à l’utilisateur que l’on croit en ses compétences, que le problème repose aussi sur les épaules de son partenaire de communication. On arrête ainsi d’accuser l’utilisateur ou l’outil qui montrent leur efficacité dans certains contextes de l’échec.

Bon j’avoue, le projet est ambitieux mais il /elle le vaut bien, non ?



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